Vergniaud : 1753-1793

— 5 à volonté l’effervescence du peuple qu’à commander aux flots de la mer d’être tranquilles quand ils sont battus par les vents. Mais c’est au législateur à prévenir, autant qu'il peut, les désastres de la tempête par de sages conseils, et si, sous prétexte de Révolution, il faut, pour être patriote, se déclarer Le protecteur du meurtre et du brigandage, je suis modéré.

» Quelques hommes ont paru faire consister leur patriotisme à tourmenter, à faire verser des larmes, j'aurais voulu qu’il ne fit que des heureux... j'aurais voulu que la Convention fût le centre de toutes les affections et de toutes les espérances. On a cherché à couronner la Révolution par la Terreur. J'aurais voulu la consommer par l’amour.…..

» Je termine cette discussion aussidouloureuse pour mon âme que fatale pour la chose publique à qui elle a ravi un temps précieux. Vous savez si j'ai dévoré en silence les amertumes dont on m’abreuve depuis six mois, si j'ai su sacrifier à ma patrie les plus justes ressentiments; vous savez si, sous peine de lâcheté, sous peine de m'avouer coupable, sous peme de compromettre le peu de bien qu'il m'est encore permis d'espérer de faire, j'ai pu me dispenser de mettre dans tous leur jour les impostures et la méchanceté de Robespierre. Puisse cette journée être la dernière que nous perdions en débats scandaleux. »

Espérance vaine que l’âme si candide et si pure de Vergniaud pouvait seule concevoir au milieu de la tourmente. Cependant sa touchante éloquence avait encore une fois ramené la majorité qui, le lendemain, malgré les menaces de la Montagne et des tribunes, décrétait Marat d'accusation et le renvoyait devant le Tribunal révolutionnaire.