Vergniaud : 1753-1793
= FD aux joies du passé, à ses débuts, à ses premiers succès, à sa confiance dans l’avenir! Avec quelle rapidité s'étaient envolées devant une implacable réalité, les illusions et les espérances! On ne les oubliait point cependant, les courageux députés de Bordeaux et, le lendemain même, Vergniaud recevait une lettre qui le fortifiait un peu, et à laquelle il s'empressait de répondre : « Je vous écrivis hier, le cœur flétri non par des dangers que je brave, mais par votre silence; quelques heures après le départ de ma lettre, je reçus la vôtre; des larmes de joie ont coulé de mes yeux. J'attends mes ennemis et je suis sûr encore de les faire pâlir.…. Eh quoi, n'auronsnous tant travaillé depuis quatre ans, tant fait de sacrifices, supporté tant d'iniquités, la France n’aura-t-elle versé tant de sang que pour devenirla proie de quelques brigands, pour courber le front vers la plus honteuse tyrannie qui ait jamais opprimé aucun peuple ! »
Hélas, oui, on la subissait cette tyrannie et le jour est proche où la majorité, enthousiaste autrefois de son grand orateur, demeurera anéantie devant une audacieuse minorité, qui, donnant la première un exemple coupable, appellera l’armée, braquera des canons contre l’Assemblée et exigera d'elle-même l'expulsion de ceux de ses membres qui, depuis deux ans, l'ont le plus honorée par leurs actes, leur talent et leur éloquence.
Vous connaissez, Messieurs, les funestes événements qui ont marqué les derniers jours de mai 1798. Après la mise en accusation d'Hébert, la foule envahit l'enceinte de la Convention et demanda au milieu d’un tumulte indescriptible, la dissolution de la Commission des Douze, nouvellement instituée pour