Vergniaud : 1753-1793
En —
Marat, son désir de vengeance rendent ses attaques plus audacieuses et plus cyniques, en même temps que les désastres de la Vendée et les revers de l’infortuné Dampierre poussent aux résolutions extrêmes. La Commune décrète un emprunt forcé fourni par chacun suivant la quotité de ses revenus, et fait arrêter de nombreux suspects. Les Jacobins et les Cordeliers, criant à la trahison, répètent en tous lieux qu'il faut en finir et sauver la République de la conspiration des Vingt-Deux. Le trouble est à son comble. Vergniaud écrit alors à la société des Récollets de Bordeaux : « Vous avez été instruits de l'horrible persécution faite contre nous et vous nous avez abandonnés; vous ne nous avez soutenus auprès de l'Assemblée par aucune démarche; vous n'avez même cherché à soutenir notre courage individuel par aucun témoignage de bienveillance. Cependant la fureur de nos ennemis s'accroît, les proscriptions et l’assassinat circulent contre nous et on s'apprête d’aller à la barre nationale demander notre tête. Quel est donc notre crime, citoyens? C’est d’avoir fait entendre la voix de l'humanité au milieu des horreurs qui nous ont si souvent environnés; c’est d’avoir voulu conserver vos propriétés et vous garantir de la tyrannie de Marat ou des hommes dont il n’est que le mannequin; faites que nos concitoyens nous retirent des pouvoirs dont il est impossible de faire usage sans des signes éclatants de leur confiance ; nous ne craignons pas la mort, mais il est cruel alors qu'on se sacrifie de ne pas emporter au tombeau la certitude qu’on laisse au moins quelques regrets à ceux pour lesquels on s’immole. »
Quelles amères réflexions dut faire le Girondin en écrivant à ses amis d'autrefois! Comme il dut penser