Vergniaud : 1753-1793

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de guerre entre Paris et la France, la guerre civile, et sans songer à lui-même ou à ses amis qu’il n’hésitait pas à combattre au nom de la patrie, Vergniaud qui, pour sauver la vie du roi, n'avait pas craint de proposer ce moyen extrême, s’écria : « La convocation des Assemblées primaires est une mesure désastreuse. Elle peut perdre la Convention, la République et la liberté ; et, s’il faut ou décréter cette convocation, ou nous livrer aux vengeances de nos ennemis, n'hésitez pas entre quelques hommes et la chose publique. Jetez-nous dans le gouffre et sauvez la patrie. »

Puis, tout à coup, sa conscience se révolte; le passé tout entier se dresse devant lui, il sent qu'aucun reproche fondé ne peut l’atteindre, et voulant contraindre cette faible et oscillante majorité à se prononcer elle-même et à avoir du courage, il l’enserre dans ce dilemme : « Votre juste indignation proserira sans doute une pétition qui, dans son objet et dans sa forme, est l'ouvrage du crime, mais ce ne serait pas assez. Je vous somme, au nom de la justice, de vous expliquer franchement sur notre compte... Si nous sommes coupables et que vous ne nous envoyiez pas devant le Tribunal révolutionnaire, vous trahissez le peuple ; si nous sommes calomniés, et que vous ne le déclariez pas, vous trahissez la justice. »

Obéissant une dernière fois à cette voix puissante et aimée, la Convention déclara la pétition calomnieuse; mais Vergniaud, refusant l'appel au peuple pour ne pas donner prétexte à une guerre civile sous les yeux de l'ennemi envahissant nos frontières, s'était immolé et avait immolé ses amis.

La demande de proscription était, en effet, promptement reprise. L’acquittement et le triomphe de