À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

24 REVUE HISTORIQUE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

cepter. Assurément je serais bien malheureux si je faisais un fléau pour vous d’un sentiment qui m'est si cher.

Je vous rends grâces de ce que vous me dites de M. le D. de Br.‘ Il est probable que je n’irai pas chasser sur ses terres. Je suis bien aise pourtant de pouvoir espérer que je n'y serai pas traité en braconnier. Quant à La Fayette, j'en ai su indirectement des nouvelles par la sœur d’un de ses compagnons de captivité qui a la permission de l’aller voir. Personnellement j'ai peu de liaison avec lui, mais je m'intéresse à son malheur, et si j'avais voix au chapitre je crois que je démontrerais aisément, qu’au lieu de l’enchainer, il aurait fallu le montrer au très grand nombre de Français qui hait la Convention, mais qui ne se soumettra jamais à reprendre l’ancien régime. Ces constitutionnels, qui certes auraient pu mieux faire qu’il n’ont fait, sont encore ceux qui pourraient rendre la France à l'Europe justement alarmée. Il y va de la civilisation ou de la barbarie du monde. Il est assez démontré à présent que la guerre fait toute la force des scélérats qui règnent, que la guerre leur fournit tous les prétextes et ôte aux mécontents celui de s'élever contre eux. La réaction intérieure n’agira que lorsqu'il n'y aura plus d’ennemis à combattre, et à quoi aboutiront les combats pour les Rois coalisés ? — à leur ruine qui, comme vous savez, les rend dépendants. II serait bien temps de prendre un nouveau système. Je désire autant que qui que ce soit la destruction des Jacobins, mais au lieu de les détruire, la guerre les multiplie. Croyez-moi, les vrais alliés des puissances ne sont pas les anciens émigrés, ce sont les constilutionnels, et le nom de La Fayette serait le plus précieux des instruments à employer. Réfléchissez à cela; je disais cela il y a un an, on me riait au nez; en vérité il n’est plus temps de

1, Duc de Brunswick. — O.K,