À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

38 REVUE HISTORIQUE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

dans son idée sur la possibilité d’une chicane faite d’entrée de jour à M. Ch. sur ses titres à la propriété. Le second, M. R., la réfute par un raisonnement bien simple, et tous deux vous ont dit la vérité que je crois la plus digne de votre attention, c'est qu'il importe essentiellement à M. Bfoyd], ainsi qu'à tout commerçant, qu'une affaire de ce genre n’éclate pas. La sécurité qu’affecte M. B., les demi-aveux qu'il fait successivement, indiquent assez qu'il n’est pas ferme sur ses jambes, et je persiste à croire que si l’on continue à le suivre et à l'effrayer, on finira par connaître le fond de l'affaire, par le faire convenir des marchés qu’il a faits avec M.le D. DOrléans], marchés dont il aurait certainement gardé le profit, s'ils avaient bien tourné, et dont il voudrait aujourd'hui faire supporter la perte aux enfants. Je suis convaincu que si l’on continue à le suivre pied à pied, et à lui faire appréhender un éclat, ilarrivera un moment où ilne fermera pas l'oreille à la proposition de nous donner la moitié de ce qu’il doit,et d’ajournerle reste de la question à la paix.Je voudrais bien qu'on en vint à ce terme de conciliation provisoire, car je n’apercois que trop les ressources de chicane qu'il pourra opposer s’il prend son parti de braver l'opinion publique. Je souhaite, ainsi que vous l'espérez, que les nouveaux commissaires soient établis et qu’ils puissent suppléer par voie d'administration aux formalités de justice. Mais comme cette dernière voie, celle de la justice, peut devenir inévitable, j'insiste de nouveau auprès de Desm. pour qu’il cherche des moyens de se procurer une somme qui le rendra plus indépendant qu'il ne le serait si nous restons dans la pénurie actuelle. Je crois qu'il est de la plus grande importance qu'il s’occupe de ce premier moyen de guerre, sans perdre l'espoir de ne pas avoir à la déclarer, Nous sommes déjà bien certains que cette affaire n'est pas simple. Si elle l'était, le premier mot de M. B. aurait été de dire : il m'a été remis telle ou telle somme, telle ou telle valeur; si ces dernières se réalisent,