À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

40 REVUE HISTORIQUE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

reuses contre les perturbateurs, mais il faudrait quelque bataille de Crécy, d’Azincourt ou de Poitiers pour en assurer encore mieux l'effet. Je ne comprends pas, je l'avoue, qu’on n’en ait point encore gagné de ce genre, pour lequel semble particulièrement fait cet amas d'hommes qu’en France on appelle des armées. Si on leur laisse encore du temps, ils achèveront d’égorger tout ce qui reste de nos malheureuses familles. À moins d’un miracle, et je n’en crois plus d’autre possible que celui d’un massacre du comité de salut public, nous n’avons plus d'espérance de les sauver.

L'homme considérable que vous avez vu en Allemagne et qui vous a parlé de moi avecune sorte de bienveillance, a un correspondant à Zurich. Il lui a écrit avec intérêt pour M. Ch. et l’a prié de s'informer de lui, et de lui mander ce qu'il en savait. Est-ce simple curiosité, est-ce envie de lui rendre service ? Je vous le demande sans espérer que vous puissiez me l’apprendre. Dites-moi seulement ce que vous en pensez, et si vous avez quelques relations avec lui.

Sal[omon] mw'écrit qu'il va s’aller établir en Amérique. Tant de gens y vont que j'ai peur qu'ils n’y puissent rien faire. Je lui ai présenté cette objection. Il m'a répondu qu'iln’yavait rien de pis que de rester à Genève. M. Lullin est retiré avec sa famille sur la frontière du Valais à Bex. Il m'a écrit de là et demandé de vos nouvelles, Adieu, mon cher ami, je voudrais pouvoir vous dire tous les jours combien je vous suis tendrement attaché. J’ignore, hélas, si j'aurai encore ce bonheur-là une fois dans ma vie.

[paraphe] XIV

[Fin d'une lettre, sans date]

Mademoiselle étant en Angleterre sur la fin de l’année dernière, atten dait des fonds que M. le Duc d'Orléans