À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois
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mais vraisemblablement destiné à être communiqué à d'autres personnes, ce qui explique le ton moins confidentiel et moins amical qui y règne.]
J'apprends à l'instant, Monsieur, que vos affaires vous engagent à faire un voyage en Angleterre, et je m'empresse à solliciter votre intérêt el votre secours pour une affaire majeure que je crois digne de votre bon cœur et des sentiments généreux qui vous ont toujours distingué.
Vous n'ignorez pas que M. le Duc d'Orléans vient de subir la condamnation que l’Europe entière avait depuis longtemps prononcée contre lui. Il est seulement afligeant que cet acte de justice ait été exercé par des scélérats, qui peut-être méritent encore plus d’expier par leur sang les outrages qu'ils ont faits à toutes les lois divines et humaines. Vous voyez que mon opinion sur ce grand coupable est semblable à la vôtre; mais je regarderai toujours les crimes comme personnels, et je suis bien sûr que nous ne différons pas plus sur ce point que sur l’autre. Ce méchant prince a eu pour père l'un des plus honnêtes hommes du monde, et si le fils d’un homme vertueux a été un scélérat, il n’est heureusement pas impossible que ce scélérat ait des enfants vertueux. La postérité de M. le Duc d'Orléans consiste dans trois garçons et une fille. L’ainé de ses garçons, âgé de 20 à 21 ans, a échappé au décret d'accusation lancé contre lui, avant la défection de Dumouriez, dans l'armée de qui il servait. Le second, M. de Montpensier, âgé de 18 ans, a été arrêté à Aix lorsqu'il allait joindre l’armée d'Italie. Il a été transféré avec son père à la Conciergerie, où il est encore, et où le sort le plus favorable qu’il puisse éprouver est la déportation à Madagascar. Le! 3°, M. de Beaujolois, âgé de 14 ans, est toujours dans les prisons de Marseille où il attend le même sort. La fille’, âgée de 15 à 16 ans, conduite il y a deux ans par sa gouvernante,
1. Adélaïde, — O. K.