Éloge de Vergniaud : discours de rentrée prononcé à l'ouverture des conférences de l'ordre des avocats de Bordeaux, le 4 janvier 1875

MT

aucune preuve, sur un titre d'accusation démontré chimérique; ce décret ramené à exécution avec un éclat aussi affligeant pour la religion qu'il blesse l'humanité et les règles judiciaires : voilà quelques parties du sombre édifice élevé contre le sieur Gamot, et sous lequel on s’est flatté de l'écraser. Voilà les actes judiciaires par lesquels on tentera d'excuser les humiliations qu'on à fait subir à ce malheureux ecclésiastique : humiliations dout nous rendrons aussi un compte fidèle; mais ce n’est pas le sieur Gamot que ce récit doit faire rougir. »

Et tenez, Messieurs, tournons la page; nous allons trouver le développement du mot de Scaurus : nous pourrons, en même temps, juger les deux manières de Vergniaud, le voir se corriger lui-même : « C'est une belle égide à opposer aux traits de la calomnie, que quarante années de vertus. Avec quelle complaisance on doit écouter le malheureux chargé de fers, qui peut dire à son accusateur : C'est par votre propre témoignage que je veux faire connaître cette portion de ma vie qui s'est écoulée jusqu'au moment où vous avez juré ma perte. Si quelquefois j'ai trahi les devoirs du citoyen, accusez-moi ; si j'ai prévariqué dans les fonctions de mon ministère, accusez-moi; Si, dans mes discours où mes actions, vous avez entrevu que les attraits du vice étaient plus puissants sur mon cœur que les charmes de la vertu, accusez-moi.. Que de présomptions s'élèveront en faveur de cet accusé, si son accusateur reste confondu par ces questions, et si les témoins qu'il a produits, même ceux qui lui sont les plus dévoués, sont forcés de répondre : oui, toujours en vous nous avons reconnu l’honnête homme, le bon prêtre, l'excellent pasteur, — ils seraient bien difficiles ceux qui pourraient en désirer un meilleur que vous. »

Au point de vue de la plaidoirie, Vergniaud appartient à l’école nouvelle dont Gerbier est, au barreau de Paris,