Études historiques et figures alsaciennes

LA POLITIQUE FRANÇAISE DE GOTHE 59

Mais que disaient ses amis, et que pensait-il lui-même? Déjà, le 22 juin 1776, Wieland, observateur sagace, mais bienveillant envers tout le monde, écrivait à Lavater : « Voilà notre Gœthe conseiller de légation ; il siège dans le ministère, est le favori et le factotum du prince, et porte les péchés du monde. Il fera beaucoup de bien, empêchera beaucoup de mal, et cela doit nous consoler dele savoir perdu pour la poésie, du moins pendant une série d'années. Car Gœthe ne fait rien à demi; une fois entré dans sa nouvelle carrière, il ira jusqu’au bout. »

Lui-même finissait par se demander s’il était bien fait pour tracer des routes, vérifier des comptes, remuer des paperasses, et s’ilne sacrifiait pas sa vraie mission à une tâche ingrate. Il ne produisait plus que des choses légères, mascarades, comédies-ballets, divertissements d'un jour, tandis que les grandes œuvres, dont le plan remontait aux années précédentes, restaient en suspens. Ses lettres à Mme de Stein abondent en confidences de plus en plus

amères. Il lui déclare qu'il se sent à l’aise dans