Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

PRÉFACE Xi

d’en bapper un plus gros encore au troisième partage, il n’a pas eu hontede trahir la cause des rois et de faire la paix à Bâle avec les régicides (avril 1795), Et, à mesure que ses régiments, libérés de la guerre française, se transportent du Rhin à la Vistule, il élève de plus vastes prétentions sur les territoires polonais, ne se contente plus de Varsovie, qui cependant n’a été prise que par les Russes, et repousse tous les arrangements proposés par Catherine IT.

Il paraît donc évident que, si la tsarine a fait grand bruit de sa haine pour la Révolution, jamais elle n’a sérieusement pensé à l’attaquer. Jamais, d’ailleurs, elle n’en a eu la possibilité. Jusqu'à 1790, elle a eu en même temps sur les bras la Suède et la Turquie ; jusqu'à 1792, la guerre ottomane et le souci de la Pologne renaissante ; jusqu’à 1795, les dépouilles de celles-ci à disputer aux deux puissances germaniques.

Dans toute l'année 1795, est-ce la France qu’elle a en vue ? Non, elle ne se sent pas encore assez rassurée du côté de la Prusse. Elle fait dans ses provinces de l'Est de grands rassemblements de troupes ; elle laisse dire et même publie volontiers qu'elles sont prêtes à marcher contre la France ; le vieux Souvorof exerce ses soldats à la baïonnette à l'intention des « athées et impies Français, » Mais si l’on veut savoir quelles sont alors les véritables préoccupations de la tsarine, que l’on consulte ses rescrits à ses généraux, avec la mention : confidentielle (sécrétno). En juin, elle écrit à Souvorof : « La déloyauté de la cour de Berlin, se manifestant de façon si insolente et blâämable par la rupture