Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
XL PRÉFACE
de tous les liens et obligations avec les puissances qui, de toutes leurs forces et par tous les moyens, s'efforçaient de mettre la France à la raison, devaitnous contraindre de préparer en temps ulile nos ressources et nos forces pour prévenir des suites déplorables..….. » Ces dangers dont la menace la Prusse, elle les énumère : le partage de la Pologne resté en suspens ; la Prusse se refusant à signer le lraité, gardant la faculté d’émouvoir le pays contreles armées russes ; l'Allemagne tout entière, par la défection de la Prusse, ouverte aux entreprises françaises. Dans le rescrit (du mème jour) à Roumiantsof, il n’est même pas question des dangers qui menacent l'Allemagne, mais seulement de la défection de la Prusse et de son obstination à repousser toutes les propositions dela Russie. De même, Bezborodko, dans ses informations à Souvorof, ne parle que de la Prusse : « Quant aux Français, ils ont bien assez d’occupation chez eux » (1). Repnine, gouverneur général de la Pologne, ne se préoccupe des succès de Bonaparte en Italie qu'à cause de l'agitation dans les provinces polonaises, qui en est le contre-coup (2).Quand Vorontsof, ambassadeur de Russie à Londres, s’abouche, en juin 1795, avec lord Grenville pour développer les projets d'alliance anglo-russe, son premier mot est pour demander si le moment n'était pas venu de punir la Prusse de sa politique «perfide» etde sa «trahison » (3).
(1) Papiers de Bezborodko, dans le & XXIX de la Coll. de la Soc. imp. d'histoire de Russie, p. 303.
(2) Papiers de Repnine, dans le tome XVI de la Coll. de la Soc. èmp. d'histoire de Russie.
(3) F. de Martens, Recueil des tr'ailés conclus par la Russie, t. 1, Angleterre, 1892,