Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

PRÉFACE XIII

Lorsque la signature du traité de partage avec la Prusse (octobre 1795) a calmé une partie des inquiétudes que lui inspirait son voisin de l’Ouest, lorsqu'elle est enfin débarrassée de toutes les affaires qui l’occupaient depuis huit années, Catherine IT va-t-elle se mettre à la tête de la croisade ? Nullement. Juste à ce moment elle s'engage dans les affaires de Perse et envoie dâns ce pays une armée que commande Valérien Zoubof, le frère du favori en titre. Quelques provinces persanes et le plaisir de mettre en évidence un Zoubof lui paraissent plus importants que le rétablissement du trône de France, Il semble même que‘Catherine ait entrepris cette guerre tout exprès pour avoir une raison de ne pas fournir à l'Autriche soit le corps auxiliaire, soit le subside auxquels elle était obligée de par les traités « si elle n'avait pas d’ailleurs une guerre sur les bras ».

Quoiqu’on parlâttoujoursde guerre contre la France, que la conduite de cette guerre, si jamais elle avait lieu, fût déjà réservée à Souvarof, Catherine IE ne se pressait pas de l’entreprendre. La France était maintenant très forte : elle pouvait compter sur l'alliance de la Prusse et, à elles deux, elles pouvaient armer de nouveau la Suède et la Turquie. Le ton des lettres à Grimm a cessé d'être belliqueux. La tsarine lui écrit (8 juillet 1796) : « Vous preneztrop d'intérêt aux affaires d'Italie. Laissez faire les Italiens. Vous voyez qu'ils ne sont pas bien disposés pour les Français. Ils les amuseront si bien qu'ils s’en déferont. » Elle ne l’entretient que des succès de Valérien Zoubof et des beaux yeux des prin-