Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
à # XIV PREFACE
cesses persanes. Cette autre lettre, du 13 août, n'est pas très explicite : « L'on dit que soixante mille Russes sont en marche pour se rendre sur les bords de l'Elbe et mettre fin aux désastres de l'Allemagne. L'on dit quele maréchal Souvorof est à leur tête. L’on dit encore beaucoup de choses, et l’on en verra encore beaucoup plus ; c’est la lanterne magique dans laquelle nous verrons ce que nous verrons. » Tout cela n’engageait guère l’impératrice. Dans celle du 20 octobre cependant, un coup de clairon, à propos des armements de la Prusse : « Contre qui ? Contre moi. Pour laire plaisir à qui ? Aux régicides, ses amis, sur lesquels il ne peut pas compter un moment... Si pour ces armements on croit me détourner de la marche de mes troupes aux ordres du maréchal Souvorof, on se trompe très fort.» Enfin, en novembre, on prépare un rescrit pour nommer Souvorof généralissisme d'un corps auxiliaire de 60.000 hommes. On sollicite de Pitt un subside d'un million de livres sterling ; mais Pitt n’osait promettre, ayant une grosse lutte à soutenir contre le parti de la paix en Angleterre et forcé.pour le désarmer.d'entrer en négociations avec le Directoire (1). Ce corps de 60.000 Russes aurait-il marché ? On ne peut l'affirmer, puisque la guerre de Perse duraitencore. Quels auraient été ses succès contre les armées encore intactes du Directoire, avec un Bonaparte à leur tête ? Les circonstances ont empêché celte question d’avoir sa solution, La mort subite de Catherine (47 novembre) vint mettre fin à tout projet d’expédition. (1) Papiers de Repnine, p. 921.