Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

PRÉFACE XV

M' de Larivière a étudié les variations de Catherine IT, non seulement dans sa politique étrangère, mais dans sa polilique intérieure et dans son évolution intellectuelle. A la Catherine des premières années du règne, se souvenant encore sur le trône des aspirations libérales de la grande-duchesse malheureuse, révantl'affranchissement des serfs et convoquant une espèce d’assemblée nationale pour la rédaction d'un nouveau code, admirant les philosophes et protégeant l'Encyclopédie, correspondante assidue de Voltaire et patiente auditrice de Diderot, il s’est donné le plaisir d’opposer l’impératrice réactionnaire des dernières années, reniant Diderot et reléguant le buste de Voltaire, tracassant les timides libéraux que possédait alors la Russie, emprisonnant Novikof, déportant en Sibérie Radichtchef, parlant de faire brûler par la main du bourreau la tragédie de Vadim à Novyorod. Ses variations et inconséquences ne paraissent pas moins frappantes dans sa politique étrangère.

Celle qui avait recherché l'amitié de la France sous Louis XVI n’altendit pas que cette France fùt devenue républicaine pour se détourner d'elle: la rupture a commencé dès les premiers conflits entre l'Assemblée et le roi. Quoique l’impératrice semblât désireuse de secourir son ancien allié, ce fut, parmi les factions de France,