Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

XVI PRÉFACE

à la faction la plus nuisible au salut du roi qu’elle s’attacha : elle fut l'adversaire irréconciliable des constitutionnels les plus modérés, éconduisitles agents personnels de Louis XVI accorda sa faveur aux éléments les plus intransigeants du royalisme. C’est pour avoir suivi des conseils très analogues à ceux qu'elle lui eût donnés que Louis XVI périt, et la crise suprème fut précipitée parles menées de ceux-là mêmes que protégeait la tsarine. Aucune puissance en Europe ne se montra plus arrogante pour la France nouvelle ; et Catherine a fait plus pour le salut de la Révolution que la médiocrité des généraux autrichiens et la défection intéressée du roi de Prusse !

Cependant toutes les variations de Catherine tendent à un but et toutes ses inconséquences ne sont qu'apparentes. Elle avait recherché Louis XVI au temps de sa puissance afin de pouvoir, grâce à lui, s'assurer la neutralité turque et suédoise et se prémunir contre les ambitions inquiètes de l'Angleterre et de la Prusse. Elle se refroidit à l'égard de ce même Louis XVI quand, désarmé de son pouvoir absolu, il cessa de pouvoir lui ètre utile. Si elle fit campagne avec la plus déraisonnable des factions françaises, ce fut assurément par goût personnel pour les débris de la vieille France, mais aussi parce que celte faction lui paraissait la plus propre à être le levain qui ferait fermenter la pâte paresseuse de la coalition. Si elle se montra si ardente à soulever contre nos Assemblées la croisade des souverains, c’est qu’elle avait intérêt à ce que deux au moins de ces souverains fussent occupés ail-