Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

PRÉFACE XVII

leurs que sur la Vistule ; et c’est parce que la Prusse ne fut pas occupée assez longtemps et assez complètement du côté du Rhin que Catherine fut obligée de partagerla Pologne,tandis qu’elle eût préféré la garder tout entière. Quoique ses calculs aient été ainsi dérangés par la tiédeur monarchique et les âpres convoitises de la Prusse, elle gagna cependant d'immenses territoires sur les frontières de l’ouest et d'importants avantages du côté de la Turquie. Tout en se donnant l'air de faire en Occident de la politique de principes et de sentiment, elle recueillit, dans lEst, les fruits d’une politique très positive. La « cause sacrée des rois » y perdit beaucoup, mais la Russie y gagna énormément et la France «régicide » encore plus.

Catherine II n'eut donc point à se reprocher d’avoir suivi à l'égard de la France cette politique de sentiment et de principes qui devait être si souvent funeste aux deux pays, surtout depuis que la France était destinée à se gouverner par de tout autres principes que les monarchies européennes. Cependant, en ceci, Catherine fut peut-être plus heureuse que sage : qui sait ce qu'elle aurait fait en Occident si, de 1789 à 1795, elle n'avait été occupée en Orient, et, si en 1796, la mort n’était venue éteindre cette « lanterne magique » dont elle promettait à Grimm tant de merveilles ? Après avoir tant écrit et parlé, peut-être se seraitelle crue obligée d’agir. Et qui sait si son prestige n'aurait pas été le premier à souffrir du choc avec un Bonaparte ?

En tout cas, elle a donné le mauvais exemple à quel-