Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

XVIII PRÉFACE

ques-uns de ses successeurs ; elle a contribué à les égarer. Ils s’inspirèrent de ce qu’elle avait dit et non de ce qu’elle avait fait ou plutôt évité de faire. La politique de principes et de sentiment nous valut la guerre de Paul Ie contre la France républicaine, la première guerre d’Alexandre contre la France impériale, la persistante animosité de Nicolas contre la France parlementaire. Les souverains russes eurent du mal à se persuader ce qu'ont enfin compris, par moments Alexandre IT, et, avec une netteté parfaite, Alexandre 111: à savoir que les formes de gouvernement que pouvait successivement se donner la France, à la recherche d’une forme définitive, était chose secondaire dans les relations des deux États et que l'essentiel, c'était la solidarité permanente de leurs intérêts en face de dangers égalements permanents. Nicolas I‘, qui avait grandement profité à son union avec la France de la Restauration, ne voulut pas entendre parler de la France de Juillet : par là il s'affaiblit et nous affaiblit, nous rejeta du côté de l'Angleterre, et se prépara la tragique mésaventure de Crimée.

De nos jours, quand la politique de M. de Bismarck devint également intolérable à la France et à la Russie, Alexandre IT, que son éducation ne préparait cependant point à goûter une France démocratique et peu religieuse, finit par comprendre cette vérité formulée par le grand publiciste Katkof, d'abord tout aussi prévenu contre nous que SON souverain: « Qu’importent à la Russie les affaires intérieures de la France ? »

Alors, juste cent années après Catherine If, qui chas-