Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

CHAPITRE PREMIER

Du libéralisme de Catherine Il, — Etait-il sincère? — L’amie des philosophes, — De son «âme républicaine, »

Il n’est pas permis de douter du libéralisme de Catherine IL. Il éclate au grand jour. et on le rencontre sous tous les pas de sa carrière, jusqu'au moment où, à l’aurore de la Révolution, comme prise d’un remords, elle s'arrêta net, puis rebroussa chemin, et se lança dans la voie de la répression à outrance.

Pour juger de ses convictions avec impartialité, il importe de la replacer dans son milieu. Elle s'est imprégnée du caractère national russe ; elle s’estidentifée avec la nation dont elle est devenue la souveraine: ellea voulu devenir russe, et c'est très sincèrement qu'elle l'est devenue. Elle a été russe mieux qu'aucun autre tsar, parmi ses prédécesseurs. «Je vous l'ai ditmille fois,écritelle à Grimm : je ne suis bonne qu’en Russie, souvenezvous de cela. » Ceci explique comment cette femme d’un caractère si mobile, ne varia jamais sur un point: le but de sa politique. Elle voulut l'agrandissement de la Russie, la glorification de sa personne, le bonheur de son peuple. « Pour moi, écrit-elle à Grimm dans son

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