Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

8 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

de dire : les philosophes. Car ce sont eux qu’elle a caressés. « J'aime beaucoup l'approbation des républicains, » écrit-elle à Grimm en 1779. Sauf Jean-Jacques Rousseau, elle a devisé avec presque tous les philosophes, mais elle n’a pas accepté leurs doctrines. Philosophe, elle l’aété,.si l’on veut, mais dans la mesure qu’il convient en un siècle où il est de bon ton que tout le monde soit teinté de philosophie. Elle suit le mouvement du siècle malgré la distance entre Pétersbourg et Paris ; elle ne le suit qué de loin.

Sa pensée religieuse et sociale se laisse entamer par les théories du jour; elle ne se laisse pas absorber. Catherine discutera de Dieu ; elle ne le reniera pas. Elle n’arrivera pas au rationalisme, bien que sa foi soit toute de surface et à fleur d'âme. 11 y a des abus, dira-t-elle, dans Ja société, mais ce n’est pas à dire que celle-ci doive être refaite de fond en comble.

Catherine fut l'amie des philosophes. Elle ne fut pas autre chose. Les philosophes l’acclament comme la grande Sémiramis du Nord, et lui font dans le monde la réputation qu’elle a souhaitée. Elle les paie avec des compliments et des éloges, des médailles et des fourrures. Il y aurait équivoque à jouer sur les mots et à accueillir autrement qu'avec ces réserves le républicanisme philosophique de l'élève de Frédéric et de Voltaire.

Est-ce à dire que nous devions douter de son libéralisme ?

Pas ie moins du monde ; seulement il est intermittent êt intéressé. Il subit des variations.