Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
LA FRANCE DE L'ENCYCLOPÉDIE 4
son goût, et elle l'aurait combattue de toutes ses forces. En 1785, à propos de l'émancipation des États-Unis, n'écrit-elle pas à Grimm? « Pour messieurs d'Amérique, je les crois portés à déraisonner ; les vieilles et les jeunes républiques de ce siècle sont enelines à ce genrelà. » Et elle n'appréciera pas plus Franklin ou Washing” ton que les plus farouches jacobins.
Ce qu'était son républicanisme, nous en pouvons juger à la façon dont elle se prononce contre toute monarchie constitutionnelle. Elle n’admet aucun joug, et elle s'emporte contre Louis XVI obligé de subir celui d’une constitution. Elle a horreur des revendications populaires, et l'égalité est pour elle un contre-sens et une monstruosité. Son républicanisme n’est même pas théorique. Elle est royaliste jusqu’au bout des ongles, ainsi que son métier l'y oblige ; mais elle n'entend pas la monarchie à la façon de Louis XV. Elle ne croit pas que le métier de souverain la dispense de jeter des regards de compassion sur ceux qui souffrent ; elle estime au contraire qu'il l'y oblige. A son avis il appartient à un monarque de soulager les misères publiques, et elle s'indigne contre ceux qui se soustraient à ce devoir.
La doctrine du despotisme éclairé a toutes ses préférences. À ces réserves près, il faut donc la eroire quand elle prétend avoir l’âme républicaine, car il y a, en effet, entre elle et la plupart de ses collègues royaux une différence capitale : Elle a le sentiment de la liberté et de la justice sociale. Elle n’en a que le sentiment.
Il faut s’entendre aussi sur l’aveu qu'elle fait en 1789 d’avoir abandonné la philosophie. Elle eût mieux fait
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