Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

LA FRANCE DE L'ENCYCLOPÉDIE 21

servir la cause de la liberté et ne paraisse fait pour le bien de son peuple.

Dès son avènement elle veut que son fils le grand-duc Paul recoive un enseignement libéral. Peut-elle mieux faire que d'avoir recours à quelqu'un des grands savants dont s’honore la France, et qui au lieu d'être encouragés et utilisés par le gouvernement de Louis XV, sont traqués et menacés par lui? Elle s’adresse à d’Alembert. Nous savons que d’Alembert refusa d'aller en Russie, mais une correspondance s’engagea entre Catherine et le philosophe. D’Alembert envoya ses ouvrages et dans ses lettres prit les jésuites à partie. Un jour viendra où l’Impératrice de Russie donnera en Russie Blanche ua asile aux jésuites, et où elle les glorifiera, parce qu'ils sont devenus des ouvriers qui travaillent au triomphe de sa politique. Mais au moment où elle est enrelations avee d'Alembert, les jésuites et la dévotion n'ont pas d'adversaire plus résolu qu’elle. Les Jésuites représentent les idées sectaires : elle veut au contraire la liberté et l'indépendance religieuse, et elle applaudit aux doctrines de tolérance de d’Alembert. En 1778. elle dira encore: «La bigoterierendl'àmeet l'esprit muchlig. » (4)

Plus curieuse et significative encore est sa correspondance avec Voltaire. Avec son « maitre » elle met les Jésuites «à l'index, »et ellen’a pour eux aucun ménage ment. Quand elle met lès capucins de Moscou à la raison parce qu’ils ont refusé d’enterrer un français qui n'a pas

(4) Lettre à Grimm du 40 janvier 1778 (muchlig : qui sent le rance, par extension: vieillot).

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