Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

22 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

reçu les sacrements, Voltaire la félicite d'avoir frappé l'intolérance etd’avoir sûréduire «les prêtres à être utiles et dépendants.»(1) De son côté elle écrit à Voltaire : « Cest s’immortaliser que d’être l'avocat du genre humain, le défenseur de l'innocence opprimée..… La persécution irrite les esprits, la tolérance les adoucit et les rend moins obstinés. » (2) C’est elle qui, un autre jour, dira à Voltaire : « Malheur aux persécuteurs | » (9): Elle étonnera le grand écrivain par l'indépendance de son jugement, par le mépris du préjugé et par le libéralisme de ses maximes et de sa conduite. 11 l’appellera la grande Sémiramis du Nord, eomme les journaux de 1793 lappelleront la Messaline du Nord. Le premier de ces deux titres ne saurait plus lui être contesté.

Mais Voltaire et d'Alembert ne forment pas tout l'état-major philosophique de la rivale du grand Frédéric. Catherine ne recule devant aucun moyen pour apprendre à l’Europe le libéralismede son gouvernement, et pour assurer sa gloire.

Elle apprend que l'influence de Mme Geoffrin n’est pas à dédaigner. Son sxlon où fréquentent philosophes et sens du monde, et où s'arrêtent les étrangers les plus illustres, consacre les réputations. Elle correspond aussitôt avec Mme Geoffrin, prendra avec elle le ton bourgeois, et lui écrira commeune bourgeoise de beaucoup d’esprit.Ilen sera demème avecMmede Bielke qui habite Hambourg et dont l’influence est considéra-

(4) Lettre de Voltaire du 24 juillet 1765. (2) Lettres des 29 juin et 9 juillet 1766. (3) Lettre du 9 janvier 4767.