Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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et neprenne des allures où éclatent ses tendances libérales. C'est à Ségur qu'elle dira : « J'aime à louer, à récompenser tout haut, et à gronder tout bas, »

Elle ira mème chercher Paoli pour lui exposer les sentiments qui l’animent. En 1769 elle écrit « aux braves corses défenseurs de leur patrie et de la liberté », et en particulier au général Paoli : « S’opposer à l'oppression, défendre et sauver la patrie d’une usurpation injuste, combattre pour la liberté, voilà ce que toute l’Europe vous voit faire continuellement depuis bien des années. Il est du devoir du genre humain d’aider et de secourir quiconque témoigne des sentiments aussi nobles, aussigrands et aussi naturels. » Il lui serait difficile de signer cette lettre qui est accompagnée d’un secours ; elle prend un pseudonyme transparent : « Vos sincères amis les habitants du Nord Pôle. » Et cette bizarre idée ne lui était pas venue tout d’un coup, car l’année d'avant elle écrivait au comte Tchernichef : « En ce moment, je fais tous les matins une prière : Mon Dieu, sauvez la Corse des mains des coquins de Français. »

La correspondance que Catherine entretint sans interruption avec Grimm de 1774 à 1796 est celle qui nous fait le plus connaitre sa pensée de derrière la tête. Le laisser-aller des « bâtons rompus » qu’elle adresse à son « souffre-douleurs » est une garantie de sasincérité. Grimm fuira la Révolution ; il quittera Paris où il a été mêlé plus que tout autre écrivain au monde philosophique, etil se réfugiera en Allemagne. C’est dans cette correspondance que nous recueillerons la pensée intime de