Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

LA FRANCE DE L'ENCYCLOPÉDIE 25

Catherine sur la Révolution. Puisque cette correspon dance ne remonte qu'à l’année 177% on pourrait croire qu’elle ne porte aucune trace du libéralisme de l'Impératrice. Il n'en est rien ; nombreuses au contraire, sont les louanges aux philosophes ; certes, l'ironie perce de temps en temps sous les éloges, et elle s’accentue avec les années ; mais nombreux aussi sont les passages de ses « pancartes,» où Catherine s'élève contre l’autoritarisme et les sottises du gouvernement de Louis XV. « Tous les miracles du monde, s’écriera-t-elle, n’effaceront pas la tache d’avoir empêché l'impression de l'Encyclopédie.»

On sait qu'elle offrit à Diderot de terminer en Russie la publication de l'Encyclopédie. Elle ouvrit done son Empire à ce grand levier de l'émancipation sociale. Diderot préféra lutter contre les entraves du gouvernement français, et ne pas infliger à son pays la honte de terminer à l'étranger l’œuvre qu'il avait si magnifiquement entreprise. Mais Catherine prend plaisir à appuyer sur le libéralisme de ses actes, sur la tolérance qu’elle érige en dogme, ef sur la façon dont elle entend servir la cause de l'humanité en travaillant au bien-être de son peuple.

Certés, ainsi qu'il a été dit, il ne faudrait pas ajouter une foi sans limites à ce qu'elle éerit à Voltaire et à ses autres illustres correspondants qui firent tant pour la gloire de son nom. Elle est naturellement portée à exagérer ses sentiments de libéralisme, quand elle s'adresse à des hommes dont les principes philosophiques sont la raison d’être. Mais quand elle éerit à Grimm, sa réputation en Europe est déjà chose faite, et elle n'a plus be-

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