Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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soin de flatter les philosophes. Puis, est-il possible de nier la sincérité de ce qu'elle éerit à coups répétés, sous des formes si diverses, avec unepersistance et une ténacité rares, à Grimm qui est son homme de confiance et à qui elle s’ouvre si souvent de ses projets ? 11 serait difficile de l’'admettre.

Aussi comprenons-nous Grimm trouvant que le programme politique de la Tsarine constitue un acheminement progressif à la suppression du pouvoir absolu. Cela aurait pu être si Catherine avait absolument conformé ses actes à son langage ; mais dans la pratique elle ne commit pas ces imprudences. Ses actes s’accorderont bien plus avec ses paroles, quand, pendant la Révolution, elle s’appliquera, au contraire, à fortifierle pouvoir absolu.

On sait qu'après avoir, à plusieurs reprises, travaillé à sa fameuse /nstruction pour le code avec une fièvre qui mit de longues années à faiblir, ellese livra pendant six mois à écrire un nombre infini de règlements administratifs. Ces règlements, à ce qu’elle nous dit, partagés en 28 chapitres, formaient un total de quatre cents et quelques points en 250 pages in-4° imprimées. Les gouvernements de Tver et de Smolensk furent les premiers à bénéficier de cette règlementation. Nous la savons trop portée à s'engouer de ses œuvres, du moins au moment où elle vient de les écrire, pour la croire sur parole quand elle dit à Grimm : « Je vous jure que c'est ce que j'ai jamais fait de mieux et que vis-à-vis de cela je ne regarde l'instruction pour les lois dans ce moment-ci