Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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bre toute entière par des actes de grâce, et voilà comme il faut célébrer pareilles époques. »

En 1785 Catherine prie Grimm de lui envoyer à quelque prix que ce soit les œuvres complètes de Diderotet une dizaine d'exemplaires de l'ouvrage du futur conventionnel Romme. Comme noussommes loin encore de tout esprit de réaction, de tout acte de répression ! Un tel langage ne fait-il pas contraste avec la violence inouie qu'elle marquera dans 4 ou 8 ans aux modérés de la Révolution de même qu'aux Jacobins et aux régicides ? Gomme nous sommes loin de prévoir que d'ici peu l'élève de Voltaire, qui a appris de lui à détester l'intolérance sous toutes ses formes, ne fera pas de différence entre la Révolution et l’œuvre des Encyclopédistes ! Mais en 1:85 l'Europe monarchique ne voit pas encore les dangers d’une révolution.Qu'eûtdit cependant en4790.la Tsarine,si vingt ans auparavant Diderot avait accepté ses offres, et si la Russie avait donné asile à l'Encyclopédie ?

Peu de personnes ont éerit comme Catherine. Elle fit du théâtre, de l’histoire et du journalisme comme de la « législomanie. » Elle écrivit des contes moraux avec la même facilité que des règlements d'administration. Il semble qu’elle se soit rendu compte de la portée de son œuyre littéraire, quand elle a dit: « Pour mes écrits, je les regarde comme peu de chose, j'ai aimé à faire des essais en différents genres : il me semble que tout ce que j'ai fait est assez médiocre ; aussi n’y ai-je jamais attaché aucune importance, passé l’amusement.» Mais elle appréciait rarement ses écrits avec cette sévérité. La plupart sont d’une époque où elle ne s’é-