Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

LA FRANCE DE L'ENCYCLOPÉDIE 29

livres. Parvenue au trône de Russie, elle voulut le bien, et chercha à procurer à ses sujets, bonheur, liberté et propriété. Elle pardonnait aisément et ne haïssait personne : indulgente, aisée à vivre, d’un naturel gai, l'âme républicaine et le cœur bon, elle eut des amis ; le travail lui était facile, la société et les arts lui plaisaient. »

On sait que tout «en législatant», en 1780, elle entreprit pour son amusement, ei aussi pour l'usage de sonpetit-fils,un petit ABGde maximes,qui,à son avis,e ne se mouche pas du pied.» Dans ce petit ABC elledit,pour que Monsieur Alexandre ne l’ignore pas, « que par la naissance tous les hommes sont égaux,» ef que « c’est par l'étude qu'ils diffèrent infiniment. » Une autre fois c’est de ce mot typique qu'elle annotera un mémoire : « Le souverain est toujours coupable si ses sujets sont mécontents de lui. » En 1780 (1) elle aura encore des réminiscences de libéralisme quand elle écrira à Grimm : « Chez moi tout le monde a son franc-parler. »

Veut-on savoir comment à cette époque elle entend : le métier de souveraine ? Bornons-nous à ces deux citations. C’est le 22 juin 1781 qu’elle envoie à Grimm : « Les fètes m’ennuient, si cen'est pour quelque occasion fortement remarquable, et je n'aime nullement à me fêter moi-mème. Quand j'ai donné quelque bon règlement, voilà ma fête, et je m'en réjouis. Comment voulez-vous que je m'ennuie ? Jesuis toujoursoccupée ; n'y a que lesfètes qui m'ennuient. » Et le 14 novembre 1781 elle lui dit : «Notre vingtième année de règne se célè-

(1) Le 1% mai.