Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

28 CATHERINE IL ET LA RÉVOIUTION

de Catherine II. Elles sont trop nombreuses pour qu’il soit possible de les énumérer. Dès 1776 elle éprouve déjà des doutes sur les doctrines philosophiques, et à l’endroit de Diderot elle formule des réticences qui étonnent au lendemain du voyage de l'encyclopédiste à Pétersbourg. Ainsi, le 4° septembre 1776, elle écrira à Grimm : « Oh ! que vous autres, gens d'esprit, voyez en imagination dans les choses ce qui n’est que dans votre tête;» et de Diderot dont ellevient de recevoir une lettre, elledira : « Voyez un peu si sa tête était bien saine lorsqu'il n'écrivit. »

Il est donc nécessaire de faire des réserves sur la foi philosophique de l'Impératrice à partir de cetteépoque, Mais ce ne sont encore là que des boutades ; ses «chers philosophes » de 1766 restent ses chers philosophes. Quand, le 16 août 4775, elle écrit à Grimm : « Cest une belle chose que d’avoir affaire aux savants ou de tomber sous la patte d’un philosophe : ces gens-là vous classifient jusqu’à l’herbette et les fétus qu’ils foulent aux pieds, » boutade déjà, mais qui indique en quelle estime elle tient encore Messieurs les savants.

Il nous sémble qu’elle nous fournit une assez juste idée de ce qu’elle était réellement en 1778et de ce qu'elle vou lait paraître, quand elle envoie à Grimm cette épitaphe qu’elle s'est préparée : « Gi-git Catherine seconde, née à Stettin, le 21 avril 1729. Elle passa en Russie l'an 1744 pour épouser Pierre III. À l’âge de 14 ans elle forma le triple projet de plaire à son époux, à Elisabeth et à la nation. Elle n’oublia rien pour y réussir. Dix-huit années d’ennui et de solitude lui firent lire bien des