Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
— 180 —
Mais ce grand guerrier, en pacifiant l’Europe, a laissé un volcan politique, qui a quatre bouches,’ par où il vomira des laves violentes, qui embraseront sûrement l’Europe avec le temps, ce qui serait dès demain, si nous perdions cette grande tête.
« L'Espagne est le seul endroit où il y ait des hommes, un beau soleil et un bon gouvernement. Il est étonnant qu’on n’en ait pas profité dans notre constitution, vicieuse à bien des égards, et surtout en points fondamentaux... *».
C’est à ce moment et dans sa retraite de Haslach, que vint le trouver aussi comme un dernier écho de la famille, et qu’il se vit, pour la dernière fois sans doute, en contact, épistolaire ou autre, avec l’un de ceux qui portaient son nom. Parmi les chiffons de toute provenance sur lesquels Butré rédigeait les brouillons de ses rêves humanitaires, nous avons retrouvé une lettre, datée de Strasbourg, ce 9 vendémiaire (30 septembre), et signée « votre très obéissant serviteur et neveu, Richard de Latour ». Elle annonce à Butré le passage par Strasbourg d’un fils de son frère, émigré avec son père, « qui est mort en pays étranger, dans la deuxième année de notre sortie. Moimême suis resté constamment là où l'honneur m'avait appelé», c’est-à-dire sans doute dans l’armée de Condé. Maintenant l’état de ses affaires et le changement de régime l’engagent à rentrer au pays. [l aurait bien voulu saluer en passant son
? Les quatre grandes puissances européennes ?
? On trouvera bizarre, à coup sûr, ce jugement de Butré sur le gouvernement espagnol, où régnait alors le triumvirat qui fut l’opprobre de ce beau pays, l’imbécile Charles IV, la reine Marie-Louise et son fastueux amant, Godoy, prince de la Paix. Mais l'Espagne devient la toquade du vieux Butré, frileux et perclus; il lui pardonne tout en faveur de son soleil. I1 ne faut pas oublier non plus que c'était le dernier pays où subsistait quelque chose, dans les dehors au moins, de ce « despotisme éclairé » qui avait toujours été le gouvernement préféré des physiocrates.