Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

— 196 —

C’est au moment où il était aussi malheureux, que Butré s’adressait encore une fois au premier Consul, mais non pour l’entretenir de lui-même ; il est touchant de voir notre solitaire recommander ainsi à l'attention du gouvernement le vénérable Oberlin, dont l'amitié lui était chère, en oubliant sa propre misère.

20 germinal an XI (10 avril 1803).

« Je me promène l’été, sur les Vosges, non pour y examiner toute la rocaille qui couvre ces excroissances terrestres, mais pour y descendre dans les réduits qu’occupe le premier ouvrage de la nature, ces êtres humains, existant de toute éternité et qu'un régime animal a si fort déchu de sa première origine. Mais la simplicité et la vie champêtre y montrent partout dans ces vallons solitaires, les bienfaits de l’hospitalité la plus affable.

« C’est dans une des courses que j’y ai fait, il y a trois ans, qu'au milieu du plus sauvage lieu de ces montagnes, appelé le Ban-de-la-Roche, j'ai rencontré une société digne d’un Confucius. Elle est composée de cinq petits villages, dirigés par un pasteur de la Confession d’Augsbourg. Ce digne instituteur, qui depuis trente-trois ans habite cette stérile contrée, a trouvé, en y arrivant, des hommes grossiers et sauvages, adonnés à tous les vices, l’oisiveté, l’ivrognerie, se battant village contre village, lors des premières instructions qu'il a voulu leur donner, le menaçant de leurs coups s’il osait venir les exhorter dans leurs orageux débats.

des objets réclamés ici, quoique de peu de valeur, ne furent pas retrouvés. Par contre, la servante, congédiée naturellement en même temps qu’on liquidait le mobilier, fit écrire par un bon ami, sur le revers même de cette lettre, de violentes objurgations au sujet des gages qu’elle prétendait lui être dûs. « Si vous ne me les envoyez pas, je serais obligée de prendre d’autres mesures pour être payée, car je suis une pauvre orfeline, qui n’a que ce qu’elle gagne à la sueur de son front. Ainsi j'espère que vous serez assez humain et honnête pour me donner ce que vous me devez, Salut, Pour la signature, +