Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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« Mais nullement intimidé de leurs propos audacieux, il est allé, un jour de fête, au milieu des combats de deux villages et, leur présentant sa tête, avec la flamme vive qui animait les prophètes: Me voilà; frappez, si vous osez ! et en même temps leur faisant un discours animé du feu du ciel, les bras, loin de se lever sur lui, sont tous tombés, et chacun s’en est allé dans sa cabane.
« Par la suite, il a peu à peu éclairé la raison des plus anciens et changé leur cœur bourbeux et frénétique en sentiments paternels et bienfaisants, qui ont gagné ensuite toutes les familles, qui sont devenues fraternelles, laborieuses, intimement unies, et respectant si fort la propriété que lorsqu'on trouve la moindre chose dans les villages ou sur les chemins, on l’apporte à ce digne pasteur, qui ensuite cherche le propriétaire pour le lui remettre.
« Il s’est mis à la tête des cultivateurs, leur a fourni des graines et des semences ; ils ont fertilisé leurs côteaux arides et pierreux, autant que possible, et si quelqu'un se trouve dans le besoin, ils accourent pour le secourir et lui donner lassistance dont leur médiocrité est susceptible. Il s’est aussi mis à la tête des travailleurs et a fait partout des chemins solides et commodes.
« Pour affermir ces générations dans cet état, il fait venir tous les enfants tous les jours à l'instruction. Sa digne et respectable gouvernante leur montre à coudre, filer et tricoter ; il leur apprend à lire, écrire, calculer, la géographie, la connaissance des plantes ramassées dans de nombreux herbiers. On a mis devant moi des cartes du globe sur les murs des classes; j'ai interrogé des filles, de sept à huit ans, qui m'ont nommé tous les états posés sur ces cartes.
« Dans les temps de non-travail, qui sont longs dans un canton où il y a sept à huit mois d'hiver, il est venu à bout, avec bien de la peine, d’y introduire la filature des cotons, qui fait une ressource pour ces pauvres lieux et les arrache à l’in-
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