Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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Crétet, de Vitry, qui n’a toujours pas reçu son argent, et une missive du libraire Marchant, qui déclare ne pas pouvoir verser la modeste somme promise. Plus de carnet de dépenses non plus, comme si Butré avait été trop faible désormais pour tenir une plume. Un feuillet seulement s’est conservé, le dernier peut-être qu’ait rempli cet homme, qui avait griffonné tant de rames de papier pour améliorer le sort des populations de l’Europe et pour expliquer à sa guise les mystères du monde. Ce feuillet, c’est un menu de sa nourriture pour les mois de juillet et d'août 1804. D’une main tremblante, le vieillard y consigne, jour par jour, les fricassées de grenouilles, les poulets rôtis, omelettes, ragoûts de veau et côtelettes qu’on lui servait et dont « l’animalité » devait révolter, du moins au début, son estomac de végétarien convaincu. Nous mentionnons ces détails infimes, parce qu'ils nous permettent une conjecture consolante sur les derniers jours de Butré. On verra tout à l’heure qu’il n’est pas mort à son logis de la rue des Bestiaux *. On se persuade volontiers que l’une des clientes du vieil arboriculteur, — on voudrait que ce fût Me de Balthasar, — touchée de son triste abandon, l’a recueilli chez elle, pour le soigner et pour adoucir ses derniers moments. Réduit à lui-même, Butré ne se serait pas ordonné d’aussi succulents menus; hélas! la pension de l’Electeur n’aurait guère suffi non plus à les payer. Le jour où l’on saura — si jamais quelque curieux prend la peine de s’en enquérir qui demeurait, en 1805, dans la maison située quai S'-Nicolas, n° 5, on apprendra du coup chez qui le vieux gentilhomme a fermé les yeux.
La Feuille hebdomadaire, bulletin officiel du Bas-Rhin, du
! La dernière quittance de loyer, que nous ayons retrouvée, signée de D. Fritz, est du 25 mars 1804; mais il est indiscutable que Butré garda ce logis jusqu’à sa mort, puisque on y retrouve, soixante-quinze ans plus tard, tous ses livres et ses papiers. Le loyer était d’ailleurs minime : 45 livres par sémestre.