Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LÉGISLATION CONTRADICTOIRE 235

scène. Il écrit, le 3 juillet, que tout est perdu si l’on ne réforme pas le décret du 15 mai, car les conversations font craindre un massacre ou une défection. Le 16 juillet, il supplie que l'on diffère l'envoi des commissaires, et il envoie les protestations de l’Assemblée du Nord!. Ces communications eurent pour résultat de faire ajourner sine die le départ des commissaires, qui n'avait été que différé clandestinement?.

C'était une première victoire pour les meneurs du Comité; mais elle n'était que négative. Ce qu'ils voulaient, c'était l’abrogation du décret. Pour y préparer les esprits, ils fortifièrent l’agitation des colonies par celle de France. [ls présentèrent, le 12 septembre, un tableau des adresses et pétitions provoquées par le décret’. Ce tableau, très habilement disposé par Begouen, mettait en regard de 4 ou5 manifestations favorables, contresignées par deux douzaines d'individus, 36 condamnations formelles soutenues de plus de 2.000 signatures émanant des grands centres commerciaux. On aurait dû, pour être sincère, avouer que le décret avait été bien accueilli dans quelques colonies, comme en témoignaient plusieurs lettres lues à la tribune #, et que, même à Saint-Domingue,

4. Arch. parlem , XXIX, 623; XXX, 118.

2. Séance du 28 août; Arch. parlem., XXX, 12; Proc.-verb., n° 149;t. LXVIIT.

3. Arch. parlem., XXX, 592-600.

4. Lettre d'un habitant du Cap, lue par Lucas, le 29 août: Leltre d'un habitant de la Basse-Terre, lue par L. Monneron, le 31 août; Lettre de lu Croix des Bouquets, lue par le même (Arch. parlem., XXX, 54, 128; Proc.-verb., n° 152, p. 8-10, t. LXVII).