Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

236 L'ÉTAT DES PERSONNES

de l’aveu de Blanchelande !, on eût accepté le droit électoral des noirs si l’on avait eu l'assurance que les emplois publics leur seraient demeurés interdits. Mais il s'agissait de frapper un grand coup, d’impressionner les esprits, et non de dire la vérité. Les réformateurs eurent beau mettre en garde contre cette mise en scène ; Reubell eutbeau démontrer que, le décret n’enlevant pas la prépondérance aux blancs, ceux-ci « en faisaient une affaire de vanité et d'orgueil »; l'Assemblée était déjà ébranlée, et Barnave put obtenir la mise à l'ordre du jour, pour le 22, d’une nouvelle discussion sur le décret.

Barnave n'avait pas reparu au Comité colonial depuis le 15 mai et avait laissé faire par Defermon l'important rapport du 14 juin sur l’organisation coloniale. Mais il aspirait alors à devenir le chef du parti de réaction; il crut l'occasion bonne pour faire sa rentrée et pour bénéficier de la défaite longuement préparée du parti révolutionnaire. C'était un moyen de se désigner au choix du roi pour la formation d'un ministère de modération. N'était-il pas en pourparlers avec Malouet et Duport-Dutertre depuis le 7 août?? Il redevint done, le 22 septembre, le porte-parole du Comité des « colons blancs ».

1. Lettre du 3 juillet : — Arch. parlem., XXIX, 623.

2. V. les Mémoires de Malouet, Il, 69, 79. Malouet affirme qu'une entente intervint entre lui, Barnave et Chapelier, « pour attaquer la Constitution et former un parti royaliste ». De nombreuses conférences eurent lieu, dans le courant de septembre, chez le garde des sceaux Duport-Dutertre.