Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

2240 L'ÉTAT DES PERSONNES

croire plus fort que l'opinion. Tandis qu'il accentuait sa politique de réaction, le club accentuait son action révolutionnaire. Indécis, le 11 mai, sur la question des Noirs, les Jacobins avaient depuis nettement pris parti. Dès le 13, Raimond et Robespierre accusent de trahison Charles de Lameth et le font expulser de la sallet. Le 10 juin, Danton obtient l'exclusion de Gouy d’Arsy, coupable de « forfaiture nationale? ». Dans tout le courant de septembre, c'est aux Jacobins que se préparent les armes pour la bataille du 24%. Bref, on peut dire que les Jacobins se sont solidarisés avec les Noirs libres et que Le décret du 15 mai représente pour eux tous.les Droits de l'Homme, toute la Révolution. Barnave ne-le comprit pas, ou dédaigna celte phalange autrefois amie. Par peur, camaraderie ou ambition, il s'oriente alors vers la Cour, et rève, comme Mirabeau, de faire rétrograder la Révolution; son attitude dans la question des noirs n'est que le premier acte de cette politique. C'était étrangement s'abuser. La Révolution n'était qu'au début de son évolution nécessaire, et l'opinion, devenue jacobine, exigeait l'achèvement de l'œuvre. Barnave mérita de devenir

1. Aulard, ibid., Il, 411.

2. Aulard, tbid., I, 494.

3. 1 septembre : Lettre assurant que la tranquillité règne à Saint-Domingue ; 15 septembre : Lettre semblable pour la Martinique ; 15 septembre : Critique par Raimond des allégations de Blanchelande; 11 septembre : Dénonciation de « l'intrigue » du Comité colonial; 12 et 15 septembre : Mémoires de Brissot et Grégoire en réponse aux argumentations de Barnave; 23 septembre : Adresse couverte de 960 signatures lue par les délégués de Brest (cf. Aulard, ibid., III, 119, 124, 136, 134, 145).