Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

246 L'ÉTAT DES PERSONNES

première décision fut précisément l'acceptation en principe et même l'amélioration du décret du 15 mai. « La modération des membres de l’Assemblée générale, écrit le versatile Blanchelande, faisait espérer qu'elle trouverait dans ses lumières et sa prudence le tempérament propre à salisfaire une classe intéressante, rangée jusqu'alors par la politique, sinon par la nature, dans un ordre séparé et inférieur!. » Et, de fait, le 6 septembre, elle autorise les hommes de couleur libres, sans exception, « à se réunir paisiblement dans leurs paroisses respectives et à y rédiger les pétitions qu'ils voudront, tendantes à fixer leur état »; le 14, elle étend l'autorisation aux noirs libres de la province du Nord occupés au service public ; le 20 enfin, « après la plus sérieuse discussion, elle arrête qu’elle ne s’opposera pas à l'exécution du décret du 15 mai concernant les hommes de couleur nés de père et mère libres, lorsqu'il serait connu officiellement, et qu’elle proposerait des améliorations à l’état des noirs libres, fils de pères et mères non libres?.

Que disait done Barnave, presque à la mème heure, que le décret ne serait jamais accepté par les colons et qu'il causerait la ruine, sinon la défection de Saint-Domingue? Qu'entendait donc de Blanchelande, lorsqu'il écrivait au ministre, le 14 et le 25 septembre, que « la connaissance du

1. Ibid. 2, Accusation de l'Assemblée générale contre de Blanchelande; — Arch. nation., Dxxv, 46. È