Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LA GUERRE CIVILE A SAINT-DOMINGUE 247

décret bouleverse la colonie ! » ? Tout l’artifice de mensonge et d'intimidation que les adversaires de la Révolution, de fraiche ou d’ancienne date, ont mis au service d'un des préjugés d’ancien régime les plus odieux, d'une des vanités les plus déraisonnables, n’éclate-t-il pas iei merveilleusement? Grégoire et ses amis n’avaient-ils pas raison de dire, le 28 mars, que, si l’on reconnaissait nettement et franchement les droits politiques des noirs libres, les colons blancs se soumettraient? Leur soumission présente ne fut pas, à vrai dire, tout à fait spontanée; la peur l'avait dictée beaucoup plus sans doute que le sentiment de l'équité. Une formidable insurrection d'esclaves venait, en effet, d'éclater autour de la ville du Cap, au moment même où l’Assemblée générale y arrivait. Dès le 16 août, une première révolte s'était produite au Limbé, à cinq lieues du Cap, sur l'habitation Chabaud ; une case à bagasse avait été incendiée. Le coupable, saisi ef mis aux fers, avail avoué qu'un complot existait entre les noirs esclaves, et il en avait désigné les chefs, un nommé Paul, commandeur de l'habitation Blin, et le cuisinier de l'habitation Desgrieux. Au lieu d’arrèter ces meneurs, la municipalité du Limbé les laissa fuir. Aussi, dans la nuit du 22 au 23, l'insurrection éclate-t-elle à l'Acul, sur les habitations Noé et Galifet*, et elle se propage, les jours suivants, dans tous les ateliers voisins, à 1. Arch. nation., Dxxv, 46.

2. Remarquer que le, comte de Gallifet fut le promoteur de la Société Massiac.