Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale
20 ÉTAT DE LA QUESTION EN 1789
lions, et la vente de 30.839 noirs produisait 41.912.000 livres!. Le bénéfice annuel était de 6 à 7 millions, d'après le compte d’un armateur négrier ?. Les armateurs français, et surtout ceux de Nantes, Marseille, Bordeaux et Le Havre, qui étaient les plus engagés dans ce trafic?, avaient done un puissant motif pour faire cause commune avec les colons des îles. On peut même dire que toute la France commerciale était intéressée au maintien d'une institution, qui provoquait un mouvement d’affaires d'environ 59 millions par an.
Mais il n'y avait pas que l'intérêt commercial en jeu; il y avait un intérêt humain. Dans ce siècle raisonneur et sensible, l'esclavage, avec son iniquité fondamentale, ses pratiques barbares, ses conséquences immorales, avait dû être attaqué
1. Bureau de la Balance du Commerce (Arch. colon,, Mém. génér., XXII, n° 27). — De Lattre (Rapport du 22 septembre 1791) compte à la navigation des côtes d'Afrique 165 navires jaugeant 46,500 tonnes. |
2, V. Appendice IV. — Ce compte indique un profit net de 293 livres par tête de nègre, ce qui donne pour les 30.389 nègres importés en 1787 un bénéfice de 6.876.097 livres. Encore faut-il observer, d’après Lhéritier de Boutelle (Mém. au Ministre, Arch. colon., Mém. génér., XXIV, n° 8), que les nègres d'importation francaise se vendent (en 1775) 1.700 ou 1.800 livres contre 1.400 ceux d'importation étrangère. — Pétion (séance du 8 mars 1790, Arch. parlem., XII, 87) prétend que ce commerce ne peul se soutenir que par des primes, qui se sont montées en 11788 à 2.815.318 livres (2.400.001, d'après le rapport de Necker, 5 mai 1889).
3, Expéditions à la côte d'Afrique, d'après De Lattre: Nantes et Paimbœuf, 43 navires ; Marseille, 36; Bordeaux, 31 ; Le Havre, 30; La Rochelle, 12; Honfleur, 8; Rochefort, 3; Saint-Malo, 3 ; Bayonne, 1.