Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale
QUESTIONS COLONIALES ET MÉTROPOLITAINES 31
En France, du moins, elles avaient une apparence de raison. Les chambres de commerce de Normandie, en un mémoire très étudié !, ont fait un examen minutieux de la situation créée par le traité, après un an d'application. Elles constatent d'abord que les manufactures françaises ont diminué, que les produits anglais se sont substitués aux produits nationaux, avec l’apprèt, les marques et mème les noms français, que nos soieries sont toujours prohibées, et que l'Angleterre, après le traité, n’a pas augmenté sa consommation de nos vins. Elles établissent que la concurrence avee les produits anglais, à cause du bon marché dû à différentes causes, est devenue impossible pour les cotonnades?, pour les lainages et draperies®, et
Nemours (Réponse à lu Chambre de Commerce de Normandie, 1189); Chaptal (Mémoire adressé à Bonaparte en 1802, analysé dans la Revue de l'Economie polit., fevrier 1893). M. René Stourm (les Finances de l'ancien Régime el de la Révolution, 1885, IL, p. 2-60) en défend l'esprit et la lettre et rejette sur l'application la défaveur qu'il rencontra. En fait, le traité a provoqué, au dire des orateurs de la Constituante, une importation en 1187 de 30 millions de produits manufacturés anglais ; mais ces produits ne purent être vendus qu'à 30 ou 40 0/0 de perte.
1. Mém. de la Chambre de Com. de Normandie contre le Traité de Commerce avec l'Anglelerre (Rouen, 1788, in-8° de 117 p.).
2.Les Anglais fournissent les cotonnades à 10et 15 0/0 de rabais, grâce aux jennys qui filent de20 à 80 fils, aux moulins de filature, aux machines à décarder, dégrossir et réduire. — V. le Discours de Lecouteulx de Cauteleu, député de Rouen, séance du 3 avril 1790 (Arch. parlem., XII, 528; Proc.-verb., n° 249, t, XVII p.1-9)et ciaprès le chapitre nr.
3. L'industrie des lainages, dit le mémoire, est la plus florissante des industries francaises. Louviers fabrique 12.000 pièces de drap par an; Elbœuf, 18.000 ; Darnetal, 7.300; Vire, 8.000 ; Lisieux, 50.000 (frocs et flanelles), etc. ; de même, les villes de Picardie et Champagne, Abbeville, Sedan, Reims, etc. La fabri-