Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

236 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

être réuni à l'Eure. On a construit un bassin à Honfleur, mais « on prévoit que ce bassin ne tardera pas à devenir inutile, si on ne se procure pas une chute d’eau pour le dévaser. Il est possible d'y conduire la Risle. On veut persuader aux habitants de Pont-Audemer que, le nouveau canal étant navigable, ils ont intérêt à le demander. Si Honfleur était du département de l'Eure, la dépense de ce canal seraït à la charge du département. » Ces réflexions me font croire qu’il est de l'intérêt des habitants du département de l’Eure de contrarier l'échange proposé.| (Papiers R. Lindet.)

CXXX. — Aux mêmes. Le 11 octobre 1790.

Messieurs, c’est avec un extrême déplaisir que je vous annonce le décret qui déclare nulles les soumissions des municipalités qui n’ont pas rempli les formalités avant le 15 septembre, Votre soumission, arrivée le 15 au soir, n’a pu être remise que le 16, les bureaux étant fermés à l'heure où elle me fut remise. Je craignais d'abord qu'elle ne fût rejetée. J’espérais ensuite, puis la multitude des soumissions tardives, et plus encore la multitude des soumissions particulières plus avantageuses à la nation que celles des municipalités, ont décidé à prononcer avec une extrême sévérité sur ce point. Bien des personnes même enviaient aux municipalités les avantages qui leur ont été concédeés, et désiraient qu’on donnât quelque entorse aux décrets auxquels elles se sont conformées.

On croit qu’un bref du Saint-Père est arrivé; on le croît approbatif de la nouvelle constitution du clergé. Cependant, nos prélats, plus diligents aujourd’hui, contre leur ordinaire, ont tenté de profiter de l'ouverture de la séance pour prendre la parole; le parti opposé, quoique faible alors, a bataillé assez longtemps pour attendre du renfort, et l’on a passé à l’ordre du jour sans savoir de quoi il plaisait à ces Messieurs d'entretenir l'Assemblée. Hier, le parti de l'opposition manifesta un grand empressement et mit beaucoup de chaleur pour obtenir la lecture d’une