Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (17 NOVEMBRE 1790) 241

Il a dû interrompre sa correspondance, qu'il a toujours regardée comme une de ses obligations les plus douces à remplir.]

L’aristocratie, qui croyait que les Parisiens se fatigueraient et que leur zèle était épuisé, se trouve loin de son compte. L'affaire de M. Charles de Lameth a exalté le patriotisme et échauffé la haine contre les aristocrates; cette affaire va provoquer une loi bien essentielle contre la fureur des duels (x).

Le roi annonça hier à l'Assemblée nationale la nomination de M. du Portail au ministère de la guerre. Le garde de sceaux s’escrime de son mieux pour défendre le terrain. Il écrit des lettres justificatives à l’Assemblée, ou du moins, il demande à se justifier. I1 écrit des lettres patriotiques à tous les officiers de la chancellerie D: quittera la place quand il ne pourra plus la défendre, et ne battra la chamade que quand il sera forcé dans ses retranchements, La blessure de M. de Lameth ne donne aucune inquiétude : le peuple paraît avoir renoncé au projet de raser la maison de M, de Castries, qu’il voulait par là rayer du nombre des citoyens actifs de cette ville. Le peuple, dans sa colère raisonnée, a respecté le tableau du roi et s’est abstenu d'aucun vol. Il a même fait justice de deux particuliers qui s'étaient laissés tenter par quelques effets; ils ont été liés les mains derrière le dos et attachés dans la cour de l'hôtel, pendant le temps de l’opération, et ensuite conduits en prison.

L'Assemblée nationale discute, depuis plusieurs jours, la liberté de la culture du tabac. La liberté sera sûrement consacrée. On reprend aujourd’hui la Haute Cour nationale. (Arch. Bernay.)

(1) Une députation du bataillon de Bonne-Nouvelle vint à la séance du 13 novembre, au soir, demander un décret contre les duels entre repré-

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