Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (15 DÉCEMBRE 1790) 249 CXLIII. — Au même. Le 12 décembre 1790.

Mon frère, vous avez raison : c’est une terrible corvée que celle de disposer nos chers confrères à prêter le serment demandé; il n'était guère plus aisé de convenir entre les patriotes même des moyens à prendre, parce qu'il n'y en avait pas de bons.

Les conférences ont été peu fructueuses; plusieurs espèrent que la sanction ne sera pas donnée; d’autres, plus sages, se retranchent sur le bref de cour de Rome, qui arrivera à temps. Et si le pape ne répondait pas favorablement, tous ces braves voudraient jurer contre le pape et contre l’Assemblée, promettre d’obéir à celle qui tient les cordons de la bourse.

Tout le clergé patriote devait signer l’Opinion (1) qui s’imprime sous mon nom seul. Les signatures étaient bientôt recueillies, lorsqu'on s’est aperçu qu’elles n’étaient pas très nombreuses. Je suis fâché de n’avoir pas été en état de travailler plus solidement cette discussion et d'y donner des développements; mais le temps se perd en vains débats, on se fatigue, et la convalescence est peu propre à ces exercices. Je regrette de n'avoir pas traité plus solidement l'affaire de la juridiction qui effraie nos dévots. (Papiers R. Lindet.)

CXLIV.— Au même. Le 15 décembre.

Mon frère, qui fut mal à son aise hier? MM. du clergé jadis haut. Un comédien les prêcha, et son sermon fut applaudi ; ils murmurèrent et les applaudissements redoublèrent. M. Delarive (2), électeur, à la tête d’une dépu-

(1) Voir plus loin la note à la lettre CXLVII. (2) Jean Mauduit-Delarive, acteur à la Comédie-Française. (Voir Etienne Charavay, Assemblée électorale de Paris er 1790, p. $8, 212, 214.)