Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

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tation des électeurs de Paris, vint faire une adresse dans laquelle il parla de leurs devoirs pour l'élection des magistrats, des administrateurs et des ministres des autels. Il annonça qu'ils regarderaient les pontifes qui résistent aux décrets comme traîtres au Dieu qu'ils annoncent, et au peuple qu'ils enseignent. Le mot de puissance ecclésiastique est, suivañt lui, un blasphème en politique, un blasphème contre l'Évangile. Il prétend que le fondateur de notre religion n’a point envoyé ses disciples pour gouverner le monde, mais pour le consoler et l’instruire. Beaucoup de nos prélats transigeraient, etconsentiraient à vivre aux dépens du monde sans le gouverner, le consoler et l’instruire.

Beaucoup de temps a été perdu à examiner ce que devait faire le clergé : je regrette de ne l'avoir pas em-. ployé à mieux discuter la question qui est l'objet de celte Opinion. Les Noirs modérés persistent à attendre la réponse de Rome; les autres ne s'expliquent pas. Parmi les patriotes, trente ou quarante ont signé cette opinion, il a paru impolitique de la mettre sous le nom d’un si petit nombre de signataires. Le reste était divisé en deux parties. Les indifférents veulent attendre la sanction sans rien dire, les brülots (szc) veulent monter à la tribune sans attendre la sanction, se plaindre de ce qu'elle n’est pas arrivée et faire leur serment. On leur dit : « Cette démarche est irrégulière. En thèse générale, on ne peut pas prêter serment sur un décret non sanctionné; que deviendrait le serment si la sanction ne venait pas? » On leur dit : « Vous voulez consolider le schisme entre les deux parties du clergé; aucun de la droite ne vous imitera. Plusieurs de la gauche ne le feront pas, et ils seront sans reproches. » On leur dit : « Vous voulez faire vaquer des places. » Le parti était pris : ils devaient, après le discours Delarive s'emparer de la tribune. Le recteur de l'Université avait préparé un discours; il est bon de se mettre en avant, au moment où il est possible qu’il faille choisir un homme