Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (19 DÉCEMBRE 1790) 251

pour 50.000 livres de pension; cependant on à abandonné cette idée. M. le recteur gardera son discours pour le moment où la sanction sera annoncée; j'imagine qu'il s'empressera de réparer l’occasion manquée.

Nos aristocrates se réjouissent des désordres arrivés ou qu'ils ont fomentés dans quelques départements; ils espèrent que le peuple, fatigué de l'anarchie, se jettera dans les bras du despotisme; ils viennent d’avoir un violent échec à Perpignan. (Papiers R. Lindet.)

CXLV. — À R. Lindet. Le 19 décembre 1790.

Mon frère, votre commission pour M. Baudouin est faite. Je ne vous répète point les nouvelles que je viens d'écrire trop longuement à la municipalité; vous prendrez communication de l’incluse (1).

Nos émigrants vont être, pour le moins, aussi embarrassés que MM. du clergé. M. de la Chapelle peut retourner en son château; je crois qu’il aurait fait revivre avec satisfaction le temps des Gauthiers. M. de Broglie voudra-t-il laisser son bâton et ses accessoires plutôt que de revenir jurer de maintenir et de défendre en fant qu’il voulait étouffer avant qu’il fût né?

Les murmures augmentent dans Paris sur les délais de la sanction du serment ecclésiastique. Ces nouvelles aventures n'engagent pas le peuple à prendre patience. Je crois que les dispositions pénales du décret du 27 novembre seront plus efficaces que tous les raisonnements et que tous les rescrits de Rome, pour convaincre ceux qui seraient incrédules à l’autorité de l'Assemblée. Plusieurs de nos prélats se sont laissé battre en ruine : ils conviennent que le clergé de France peut accepter la Constitution, et que, dans ce cas, l’autorité du pape ne

(1) Nous n'avons point trouvé cette lettre du 19, aux archives de Bernay.