Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

252 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

serait pas nécessaire: donc, leur répondait-on, vousn’avez à opposer que la mauvaise volonté.

Mais on se détermine difficilement à l’amputation d'un membre,même gangréné :on veut épuiser les ressources. On comptait sur l'invasion des princes ; on compte encore sur l'Espagne, qui, dit-on, ne désarme pas, et les troupes autrichiennes filent toujours vers le Brabant. Les frontières sont patriotes : en Flandre, en Champagne, il n’y a rien à craindre. L'Alsace est plus mélangée, mais le parti dominant est celui de la Révolution. Cependant le peuple est si stupide dans cette contrée, qu’on pourrait craindre qu’il ne se laisse séduire, (Papiers R. Lindet.)

CXLVI. — À R. Eindet. Le 20 décembre 1790.

[raconte à son frère que les démocrates, furieux de ce que les aristocrates avaient forcé le parterre de céder aux loges, dans une représentation d’Iphigénie à POpéra, s'étaient vengés en apportant 150 paires de verges pour punir l’outrage fait au peuple. Sur cette démarche, les aristocrates poussent des cris d'indignation.]

M. de Mirabeau a proposé aujourd'hui (1) un décret provisoire pour le rétablissement de l’ordre dans le département des Bouches-du-Rhône : de là, grande discussion de M. Maury, contre les assassins, les criminels de lèse-nation. On a demandé quel nom méritaient les agresseurs, ceux qui avaient tiré l’épée et des coups de pistolet, Cet homme furieux a dit à la tribune qu’il priait ceux qui avaient des observations à lui faire de ne pas les faire dans l’Assemblée, mais en particulier, et qu’il leur répondrait. Ce n’est pas là un excellent chef de parti : sa tête n’est pas toujours bien montée; sa raison le laisse souvent en défaut. Vous jugez Cazalès un autre

(1) Séance du lundi 20 décembre. Moniteur, réimpression, VI, 683-687.