Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (26 DÉCEMBRE 1790) 253

homme : courageux, intrépide, éloquent, souple, astucieux, glissant sur les parties faibles et déployant toute son énergie sur les fortes susceptibles de défense : cet homme serait chef de conjurés, s’il y avait en France des hommes faits pour être conspirateurs; ‘mais ceux qu'il défend ne savent pas que lui seul vaut plus qu’eux tous; ils craïndraient qu'il ne les menât trop loin. Heureusement l'aristocratie réclame aussi une égalité qui fait sa nullité. On ne voudrait pas confesser la supériorité d'un gentilhomme, ni lui subordonner toutes les idées extravagantes dont chaque fou accouche à son tour.

Le roi de Sardaigne, dit-on, s'efforce de détacher M. d'Artois du parti des mécontents. I1 lui a donné un logement en son palais et l’a retiré d’un hôtel voisin et communiquant à celui de M. de Condé. Déjà l’on dit que M. d'Artois vacillait, et M. d’Autichamp a proposé à M. de Condé, en cas de défection, de se brûler réciproquement la cervelle. M. de Condé a ajourné la motion. (Papiers R. Lindet.)

CXLVII. — Aux officiers municipaux de Bernay. Paris, le 26 décembre 1790.

Messieurs, je vous fais mille remerciements des choses honnêtes que vous voulez bien me dire à l’occasion de la brochure que j'ai eu l'honneur de vous adresser (1).

...… Je ne sais si nous aurons aujourd’hui la réponse du

(1) Cette brochure est ainsi intitulée : Opinion de M. Lindet, curé de Sainte-Croix de Bernay, député du département de l'Eure à l'Assemblée nationale, sur la prestation de serment ordonnée par le décret du 27 novembre. in-89, 16 p., à Paris, de l'imprimerie de Devaux, 67, rue de Chartres, et 181, librairie du Palais-Royal. Il ne faut pas la confondre avec une autre Opinion sous forme de lettre adressée à la municipalité de Bernay, le 30 décembre 1790, transcrite sur les registres de la municipalité de Bernay, et publiée par M. H. Turpin, Thomas Lindet, p. 22. Cette lettré est la première version de l'Opinion imprimée, ainsi que Th, Lindet l'explique dans la lettre à son frère, datée du même jour, 26 décembre, que’ nous reproduisons en partie.