Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE ($ JANVIER 1791) ) 255

CL. — Aux officiers municipaux de Bernay. Paris, le 5 janvier 1701.

Messieurs, j'ai été flatté de pouvoir vous offrir pour prémices de l’année un acte qui atteste mon dévouement à la patrie, ma soumission aux lois, et mes dispositions à concilier en tous temps les devoirs de la religion avec ceux de la société.

J'espérais que l'exemple et le raisonnement entraineraient un plus grand nombre de membres de l'Assemblée nationale.

A deux évêques près, les autres se sont opiniâtrés à refuser le serment, et plusieurs curés ont été entraînés à suivre les mêmes errements. Inutilement ils ont proposé des restrictions, des subterfuges, que l’Assemblée n’a pas voulu recevoir. Après les interpellations, le délai fatal expiré, le président a été chargé de se retirer vers le roi pour le prier de donner des ordres, pour qu'il soit promptement pourvu aux bénéfices vacants.

Les absents et les malades, qui sont en grand nombre, ont encore le temps de la réflexion.

La journée du 4 janvier 1791 s’appellera justement la journée des dupes. Le clergé en général est dupe de la noblesse; bien des pauvres curés sont dupes des évêques, et les évêques sont dupes de leur vanité.

La noblesse sait bien qu’elle tenterait inutilement d’intéresser le peuple à la protection de ses lapins, de ses pigeons, de ses cerfs, de ses biches, de ses immunités, de ses privilèges, de son affranchissement de l'impôt, et du droit de ruiner ses créanciers et de tout faire impunément. Elle n’a imaginé de ressources que dans l'appui du clergé : elle a cru qu’au nom de la religion tous les