Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

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et des vœux que vous formez pour mon épiscopat. Mes concitoyens augmentent chaque jour mes regrets d’être forcé de me séparer d’eux, car ce sera toujours une séparation pour moi que de n'être pas habituellement avec eux. Recevez, au nom de toute la ville, l'expression de toute ma reconnaissance, et l'assurance des sentiments d'intérêt et d'attachement qui me lieront toujours à mes chers compatriotes (1). (Arch. Bernay.) |

CLXII. — À R. Lindet. Le 8 mai 1791.

Mon frère, je suis arrivé à Paris jéudi soir, je me porte bien, je respire le calme et trouve le repos. On a décrété de petits assignats avec la monnaie de cuivre. Cela facilitera les opérations du commerce. Ün a décrété que les non-conformistes auront la liberté d’avoir des temples, pourvu qu'ils ne prêchent ni contre le serment ni contre la Constitution (2). La condition sera mal observée. Cette liberté est conforme au principe. Cependant, dans les villes comme Evreux, l'évêque constitutionnel avec son

(1) À la suite de sa nomination aux fonctions d'évêque, la correspondance de Th. Lindet avec les officiers municipaux de la ville va se ralentir. Buschey des Noës choisit ce moment pour demander son affiliation à la Société des Amis de la Constitution. Sa lettre est du 24 avril 1791 (Arch. Bernay). Nous y lisons quelques renseignements sur la lettre écrite par le roi aux ambassadeurs, envoyés et résidents près les cours étrangères. « Le côté gauche, dit-il, était ivre de joie : il l’a manifesté par des cris

répétés de : « Vive le roil » et des acclamations réitérées des fortes mains

des tribunes. Un profond silence de bouches et de mains a été gardé par le côté droit. Une députation de 6o membres a été envoyée sur-le-champ, le président à la tête ; il a exprimé au roi la sensibilité et la reconnaissance de l’Assemblée, a pronostiqué et assuré à Sa Majesté, au nom des représentants du peuple, son bonheur personnel, puisqu'elle venait de faire la félicité de son royaume. Le généreux roi a répondu que, si son cœur était ouvert, chacun y lirait qu'il veut le bonheur de tous. »

(2) Le 7 mai 1791, l'Assemblée nationale avait décrété « que le défaut de prestation du serment prescrit par le décret du 28 novembre ne pourrait être opposé à aucun prêtre se présentant dans une église paroissiale, succursale et oratoire national, seulement pour y dire la messe ». Quant aux édifices consacrés au culte religieux par des sociétés particulières, ils seraient fermés au cas où il y serait tenu des discours contraires à la Constitution, en général, et à la Constitution civile du clergé, en particulier ; des poursuites seraient exercées contre les auteurs de ces discours.