Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

276 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

[Suivent quelques réflexions sur certains curés nominativement désignés qui avaient refusé le serment. |

Voilà donc l’habit retourné; nous ne serons peut-être pas longtemps sans percer nos coudes. Où prendrez-vous des professeurs pour le collège? Je serai, je crois, obligé de prendre le petit Viot pour professeur de théologie; cette science est à présent au nombre des sciences occultes. On ne connaît plus d'adeptes, et personnne ne veut ou n'ose la professer. Portez-vous et ménagez-vous au milieu de vos visites; prenez du repos et soyez quelquefois invisible. L'infernal Maury déclame à son ordinaire, fait perdre beaucoup de temps: c’est ce qu'il veut. Le décret sur les gens de couleur déplaît aux députés colons blancs qui s’abstiennent de l'Assemblée (1).On prétend qu'ils ont précédemment pris des arrangements pour commercer avec les différentes nations. On ne doit pas craindre qu'ils se donnent à l'Angleterre; quel profit leur en reviendrait? Les gens de couleur ne seraient pas de leur avis; d’ailleurs, ils sont tous très pressés de revenir en France. (Arch. Bernay.)

CLXVI. — Au même. Paris, le 31 maï 1791.

Mon frère, nos #ors triomphent. I1 y a quelques désordres en Alsace; le régiment des moines et des curés fait fière contenance; les serfs du pays leur promettent bonne assistance. On n’a point de prêtres sermentés qui entendent la langue de ces malheureux Allemands, On

(x) Décret du 15 mai 1791: « L'Assemblée nationale décrète que le Corps législatif ne délibérera jamais sur l’état politique des gens de couleur qui ne seraient pas nés de père et mère libres, sans le vœu préalable, libre et spontané des colonies; que les assemblées coloniales, actuellement existantes, subsisteront, mais que les gens de couleur nés de père et mère libres seront admis dans toutes les assemblées paroissiales et coloniales futures, s'ils ont, d’ailleurs, les qualités requises. »